Dans l’Yonne, si la droite a sauvé deux sièges aux législatives, elle ne parvient plus à masquer ses divisions. La gauche, elle, a perdu la deuxième circonscription et la fédération du PS repart d’une page blanche.
À droite, « l’an 1 de la reconstruction » Scrutin elections legislatives 2017, resultats deuxieme tour, victoire premiere circonscription, Les Republicains, LR, Guillaume LARRIVE, Auxerre, 18/06/2017. Photo Jeremie Fulleringer
Ces dernières semaines, le patron des Républicains dans le département, Guillaume Larrivé, a clairement appuyé la candidature de Laurent Wauquiez à la tête du parti. Pour le député de la première circonscription, la droite attaque « l’an 1 de la reconstruction » et ne peut rebondir qu’« en affirmant ses convictions et ses valeurs ».
C’est sur cette ligne que Larrivé compte « rassembler ». Le parlementaire icaunais plaide pour :"L’alliance des générations et des territoires avec l’émergence de nouveaux visages et d’un nouveau logiciel de fond"
GUILLAUME LARRIVÉ (Député LR de la première circonscription de l'Yonne)
« Le PS n’est pas mort »Debat de la redaction Yonne Republicaine, avec Frederique COLAS, Julien ODOUL et Eric GENTIS; La grande Region, un an apres, Auxerre, 09/02/2017. Photo Jeremie Fulleringer
Frédérique Colas en est persuadée. La vice-présidente PS de la Région a pris les rênes de la fédération le 5 juillet après la démission de Guy Paris. Elle avait alors précisé qu’elle s’attacherait à « gérer les affaires courantes » en attendant la désignation d’un nouveau leader à l’automne. Problème : à ce jour, personne ne s’est mis sur les rangs. Et ne paraît résolu à le faire...
Les instances nationales du PS prévoient un congrès en février. « Il ne faut pas une refondation pour une refondation », met en garde Frédérique Colas.
Cette semaine, c’est une gauche à géométrie variable qui est montée au créneau contre la loi travail. Avec, au final, une synthèse alambiquée consistant à soutenir la mobilisation syndicale sans appeler explicitement à manifester.
Épisode « cacophonique » avec lequel le PS de l’Yonne veut rompre, insiste Frédérique Colas.
"Nous avons besoin de rassurer les militants et de sortir des querelles internes. On ne peut pas se reconstruire si on ne sort pas de ces querelles"
FRÉDÉRIQUE COLAS (Première secrétaire du PS dans l'Yonne)
Dans l'Yonne, En Marche surtout sur sa jambe droite
Législatives - dépouillement second tour AVALLON - 18 06 2017 - Jean-Yves Caullet
Le 23 mars, le député-maire d’Avallon, Jean-Yves Caullet, avait fait venir le candidat Macron dans sa ville. Un coup d’éclat politique. Deux mois après, il décrochait l’investiture LREM. Jean-Yves Caullet s’imposait inévitablement comme l’homme fort d’En Marche dans l’Yonne.
Sauf que rien ne s’est passé comme prévu. Alors qu’il sort largement en tête du premier tour des législatives, il s’écroule au second, battu par André Villiers (UDI-LR). Avec le recul, Jean-Yves Caullet ne regrette pas d’y être allé. « Le FN, courtisé par la droite icaunaise, a reporté l’ensemble de ses voix sur André Villiers », explique-t-il.
Selon lui, c’est aussi la faute de La France insoumise (11,2 % dans sa circonscription).
"Son électorat, galvanisé par la campagne de Monsieur Mélenchon, a jugé bon de faire la politique du pire au second tour. La responsabilité incombe à ses électeurs : en joignant leur abstention au ralliement du FN, ils ont envoyé un député de droite de plus à l’Assemblée"
JEAN-YVES CAULLET (Candidat LREM malheureux aux élections législatives de 2017, maire d'Avallon)
Résultat, la vague Macron n’a pas déferlé sur l’Yonne. Loin de là. Seul un candidat sur trois a été élu : Michèle Crouzet, transfuge tardive de l’UDI. Dans le département, le mouvement macroniste reste donc fébrile… et penche à droite. Car l’autre ténor d’En Marche 89, le secrétaire d’État Jean-Baptiste Lemoyne, est un transfuge des LR.
Le FN régional déchiré, Odoul prend la main
Debat entre deux tours elections legislatives, troisieme circonscription, Michele CROUZET et Julien ODOUL, Sens, 15/06/2017. Photo Jeremie Fulleringer
La rentrée est synonyme de promotion pour Julien Odoul. Après l’éviction de Sophie Montel de la présidence du groupe Front national au conseil régional par Marine Le Pen en personne, en juin dernier, le conseiller régional de l’Yonne avait immédiatement été pressenti pour la remplacer.
C’est désormais acté, depuis ce jeudi 7 septembre, par Nicolas Bay, secrétaire général du Front national, en déplacement à Dijon pour officialiser cette décision.
En parallèle, les crispations nationales se règlent sur le terrain local. Au bénéfice d’un Julien Odoul désormais à la tête d’un groupe FN régional de 16 membres. Groupe qu’il compte rendre « audible », estimant que ce n’était pas le cas jusqu’alors.
"On était trop silencieux dans les départements. On va développer le boulot, relayer localement, avec un vrai travail collectif, incisif, qui ne se faisait pas avant"
JULIEN ODOUL (Candidat FN malheureux aux législatives de 2017, président du groupe FN au conseil régional de Bourgogne Franche-Comté)
Fâchées, les gauches de la gauche veulent se structurer ou se réinventer
À la présidentielle, elles avaient fait front derrière Jean-Luc Mélenchon. Puis aux législatives, les gauches de la gauche se sont désunies. Depuis, rien n’a changé. France insoumise et Parti communiste font cavalier seul.
Illustration avec le grand rendez-vous social de la rentrée. Le, ou plutôt les… D’un côté, le PCF appelle à manifester le 12 septembre, à Sens et Auxerre contre la loi Travail. De l’autre, les Insoumis rempliront un bus Auxerre-Paris pour le défilé organisé par Jean-Luc Mélenchon, le 23 septembre, contre cette même loi Travail.
"Une convention de La France insoumise doit avoir lieu en novembre pour décider de la manière dont nous allons nous structurer. [...] Dans l’Yonne, nous devons bientôt nous réunir. Mais a priori, nous n’aurons pas de secrétaire départemental : nos groupes d’appui locaux garderont leur autonomie."
MATHIEU DEBURGHRAVE (Candidat FI malheureux lors des élections législatives de 2017)
François Meyroune, candidat PCF aux dernières législatives, attend le prochain congrès du Parti communiste français (PCF) pour "révolutionner" ce parti.
J’ai participé à l’université d’été, à Angers. J’en reviens regonflé à bloc, persuadé que l’idée communiste a de l’avenir. Nous devons nous reconstruire autour d’une transformation sociale. Et même si nous tendons la main à tous les militants de gauche, nous ne sommes pas pour le rassemblement derrière un chef
FRANÇOIS MEYROUNE (Candidat PCF malheureux aux législatives de 2017)
Stéphane Vergeade, Romain Blanc et Catherine Lambertini
reporters.yr@centrefrance.com