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24/04/2011

Pâques

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Lettre du dimanche de Pâques

« Christ est vraiment ressuscité ». Nos amis orthodoxes utilisent cette formule comme une sorte de mot de passe en cette période de Pâques. Nous avons peut-être du mal les uns et les autres à nous rendre compte de ce qu'elle signifie concrètement...

La résurrection du Christ est le plus grand progrès jamais accompli dans l'histoire de l'humanité. A travers elle, notre existence personnelle prend de nouvelles dimensions, au-delà de l'espace-temps. Le Christ est le seul être humain qui ait jamais pu remporter personnellement la victoire sur la mort. Les plus grands capitaines ont remporté des victoires improbables, le jeune Bonaparte au Pont d'Arcole par exemple. Le Christ dans ce duel épique que chante le Victimae Paschali laudes, a remporté la victoire sur la mort : mors et vita duello mirando conflixerunt... Il n'y avait que deux combattants : le chef du camp de la Vie (dux vitae) et le chef du camp de la mort. Au moment où la Mort a cru pouvoir emporter son butin, c'est à ce moment que la victoire lui a échappé : par la mort, le Christ a détruit la mort, disons nous chaque jour dans la Préface pascale.

Jusqu'au Christ ressuscité, la mort avait toujours le dernier mot. L'auteur sacré du livre qu'on appelle en grec l'Ecclésiaste explique que "tout est vanité et poursuite du vent". Au chapitre 3, il remarque "Le souffle de la bête et le souffle de l'homme sont le même souffle qui s'éteindra de la même façon". Sans le Christ, il faut avoir le courage de le dire, tout n'est que mort et comme le dit un Kundera, même nos amours sont... risibles. Même les choses auxquelles nous attribuons la plus grande importance n'en ont aucune en réalité, confronté au terme universel des biens et des maux...

Vous me direz : n'y a-t-il pas moyen de prouver l'immortalité de l'âme en dehors du Christ ? Sans doute. Les plus grands philosophes s'y sont essayé. Platon a proposé un mythe de la transmigration des âmes. Pas très inspirant ! Aristote n'a rien proposé du tout, sinon peut-être dans l'Ethique à Eudème, avec un étonnant chapitre sur la fortune (nous dirions : la grâce actuelle). Les stoïciens exaltent le grand tout. Les falasifas ont théorisé ce retour au grand tout, en évoquant avec Averroès un intellect agent unique.

Le Christ seul (et sans aucune concurrence sur le marché des religions, c'est un fait) nous propose, à son exemple, la résurrection, "une résurrection de vie ou une résurrection de jugement" comme il dit au chapitre 5 de saint Jean. Le Christ seul nous propose d'être responsable de nos actes et de leur conférer une telle importance qu'ils puissent "nous suivre" dans l'éternité, comme dit l'Apocalypse : Heureux ceux qui sont morts dans le Seigneur car leurs actes les suivent".

Bref on peut dire que la résurrection du Christ change tout à notre propre vie, en nous faisant entrevoir, par la puissance de Dieu et la qualité de nos actes, la possibilité de notre propre "résurrection de vie". D'une certaine façon, si nous voulons vivre dignement, nous avons le choix entre le nihilisme (je parle du nihilisme noble, pas du nihilisme hébété du petit consommateur qui remplit docilement son cadi chez Auchan tous les samedis matins) et la résurrection du Christ. Et ce choix, comme le voyait très bien Louis Salleron naguère dans Ce qu’est le mystère à l'intelligence, ce choix est littéralement le choix entre les deux protagonistes du vieux cantiques Victimae paschali laudes dont je vous parlais tout à l'heure : la mort ou la vie.

Fasse Dieu que chacun, nous ayons la force de choisir la vie, c'est-à-dire la résurrection du Christ ! Notre propre résurrection.

09:34 Écrit par La Vaire | Lien permanent | Commentaires (0)

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