Magazine Chassons.com : Madame Le Pen, avez-vous déjà chassé ou assisté à une chasse ? Si oui, quel souvenir en gardez-vous ?
Marine Le Pen :
Non, je n’ai jamais chassé mais puisque vous parlez de souvenir, voici celui sur la chasse qui m’a le plus marqué : je me souviens parfaitement d’une lecture recommandée par mon professeur de français, Le Roman de Miraut Chien de Chasse, de Louis Pergaud. Ces pages d’une extrême sensibilité aux choses de la campagne m’ont appris que la chasse n’était pas ce qu’il s’en disait le plus souvent, qu’elle était une discipline à part entière. C’est à travers quelques lectures, mais aussi et surtout dans les conversations d’amis chasseurs que je crois avoir compris au fil du temps, ou du moins perçu, la belle convivialité qui existe entre les chasseurs, qui bravent le froid de l’automne, traversent les forêts et dont la journée se prolonge souvent tard dans la soirée, pour cuisiner et déguster le gibier ! J’ai le sentiment qu’après une chasse, on comprend mieux finalement l’harmonie qui existe entre les chasseurs et la nature. »
Magazine Chassons.com : Qu’est ce que la chasse représente pour vous ?
Marine Le Pen :
C’est un marqueur de l’Homme ! La chasse a joué un rôle clef dans notre destin et elle dépasse la fonction purement alimentaire. Elle est même un vrai morceau de patrimoine : un art de vivre, un concentré de traditions, indispensables à la préservation de la ruralité et à la régulation de la faune, tout en respectant la flore. C’est aussi une tradition populaire fortement ancrée dans notre pays.
Je pense enfin que la chasse est un point d’équilibre entre l’Homme et son environnement. L’écologie, le respect de la biodiversité auront une place centrale dans le monde de demain, pour rénover les pratiques, pour mieux produire, mieux consommer et pour relancer notre activité économique. Or, il ne faut pas hésiter à dire que les chasseurs sont les premiers écologistes et reconnaître leur rôle éminemment positif, tant les actions qu’ils mènent sur ce terrain sont nombreuses : régulation des nuisibles, gestion des espaces et des espèces, plantation de haies, entretien des milieu humides, suivi de la faune…
Magazine Chassons.com : Les chasseurs ont la sensation d'être chassés avant les élections et généralement peu aidés après, en quoi nos lecteurs peuvent-ils avoir confiance en vous en ce qui concerne la défense de la chasse et de ses traditions ?
Marine Le Pen :
Tout d’abord, cette « sensation » que vous évoquez s’inscrit dans un contexte plus général et c’est un sentiment partagé par l’ensemble de nos compatriotes depuis plusieurs d’années : les politiques s’intéressent à eux le temps des élections et puis, plus rien.
L’Union européenne a aussi sa part de responsabilité, tant ses intrusions, ses réglementations se sont multipliées là où elles ne le doivent pas, et où la seule intervention des États suffit. Dépossédées de la souveraineté, nos élites sont finalement bien incapables de trouver la moindre solution et en sont réduites à la drague électorale.
En la matière, comme pour beaucoup d’autres, c’est bien le retour de notre indépendance que je porte qui permettra d’améliorer la situation des chasseurs. Pour sortir de ce cycle, il convient également de revoir la place que nous accordons aux chasseurs dans l’élaboration des politiques, en les plaçant au centre des politiques environnementales, en sollicitant les chasseurs pour toutes les actions de conservation des espèces mais aussi des espaces. Nos députés au parlement européen travaillent beaucoup sur ces sujets, en multipliant les déplacements, les contacts avec le terrain, loin de tout lobbying.
Vous l’avez compris, ma conception de la chasse et de son rôle participe aussi de la volonté de repenser l’aménagement du territoire et de défendre la ruralité. Et il y a urgence : la France des oubliés s’inscrit au cœur de mes préoccupations !
Magazine Chassons.com : Un antichasse vient d'être élu à la présidence de l’Agence française pour la biodiversité, quelle est votre réaction ? Pensez-vous que cela soit cohérent avec le travail effectué chaque jour sur le terrain par les chasseurs ?
Marine Le Pen :
L’Agence Française pour la Biodiversité a été lancée par François Hollande à l’occasion de la conférence environnementale de 2012 pour rassembler tous les acteurs de la préservation de la nature. Son organisation sera d’ailleurs définitivement arrêtée le premier janvier prochain, lorsque son président sera nommé en conseil des ministres.
Cette agence ne répond malheureusement pas aux défis auxquels la France fait face en matière environnementale et risque de n’être finalement qu’une coquille vide, un énième comité, qui présentera son rapport annuel sans qu’aucune action concrète ne soit engagée.
Mais l’Agence Française pour la Biodiversité est surtout bancale en termes de représentativité puisque les chasseurs, pourtant acteurs de la protection, n’y sont pas associés. Créer un tel outil sans y associer les chasseurs, hypothèque son avenir. Là encore la stratégie du gouvernement fait particulièrement défaut, même en matière environnementale.
L’expérience des chasseurs pourrait pourtant être utile à cette agence, en lui permettant d’avancer sur des terrains complètement oubliés par les quinquennats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. Sur la manière d’évaluer et de circonscrire les dégâts de gibier (qui sont actuellement financés par les seuls chasseurs, à hauteur de 37 millions d’euros) par exemple ou pour revoir un code rural qui a perdu tout cohérence et toute lisibilité depuis l’intrusion du droit de l’Union européenne.
Tout cela suppose de faire confiance aux acteurs locaux. Après deux quinquennats épouvantables, qui ont opposé, divisé les campagnes, plus que jamais nous devons être dans la concertation et les chasseurs y ont toute leur place.
Magazine Chassons.com : Avez-vous déjà tiré avec une arme à feu ?
Marine Le Pen :
Oui ! Je pratique le tir aux armes de poing, ce qui me permet de développer ma concentration. Je suis même licenciée de la Fédération française de Tir.
Magazine Chassons.com : Quelle est votre position sur la législation de la vente des armes en France ?
Marine Le Pen :
Les armes utilisées à des fins criminelles proviennent de trafics et de détentions illégales, facilités par l’absence de frontières nationales.
La menace terroriste, pour ne parler que d’elle, peut être efficacement combattue en l’état actuel du droit, mais à la condition que les États luttent en coopération contre le trafic illégal des armes de guerre, ce qui passe, d’abord, par le contrôle de leurs frontières nationales.
Pour le reste, l’utilisation légale et encadrée d’armes à feu et leur suivi me semblent aujourd’hui suffisants. Et je connais le sérieux et le professionnalisme des chasseurs, et l’immense travail de pédagogie réalisé par les fédérations de chasse sur la sécurité.
Je ne pointerai donc pas du doigt les détenteurs légaux d’armes à feu et je sais qu’au niveau européen notamment, les tentatives récentes de réglementer toujours plus créent de la confusion dans la réglementation, ce qui fragilise ceux qui respectent quant à eux parfaitement les procédures.
Magazine Chassons.com : Si vous êtes élue, allez-vous relancer les chasses présidentielles ?
Marine Le Pen :
Je ne pense pas que cela soit la priorité, le comité des chasses présidentielles a vécu. Je conçois parfaitement qu’elles aient pu être une vitrine pour la France. Les battues de régulation à Chambord ou à Rambouillet et dans tous les domaines de l’État, qui sont des espaces absolument magnifiques, sont d’ailleurs maintenues.
Mais il revient aux services de l’État et non plus au président de la République, d’ouvrir ces moments au public, de montrer l’excellence et l’importance du travail réalisé par les chasseurs, notamment au moment des battues.
Magazine Chassons.com : Pourquoi nos lecteurs devraient-ils voter pour vous ?
Marine Le Pen :
D’abord parce qu’ils sont patriotes, et qu’ils sont profondément attachés à ces territoires qui font la beauté de notre pays !
Ensuite, parce le redressement de la France passe notamment par le sauvetage de nos territoires ruraux, où la chasse joue un rôle essentiel. J’attache un tel soin à la ruralité que j’ai décidé de lancer le collectif Vivre dans nos campagnes, contributeur rural de mon programme présidentiel, où se retrouvent tous les acteurs de la ruralité, dont de nombreux chasseurs. Je l’ai dit, la chasse est partie intégrante de ce patrimoine culturel beaucoup plus large, dont la défense et la promotion motivent mon engagement.
Et enfin les chasseurs ont fait les frais de l’idéologie de la commission européenne et de la soumission des autorités françaises aux diktats de Bruxelles. Ils savent très bien ce que veut dire le retour à la souveraineté nationale que je suis la seule à porter et qui est la condition du redressement. Ils savent que ce n’est pas à des comités d’experts bruxellois, éloignés des réalités du terrain, que doit revenir la décision d’ouvrir la chasse ou de dresser la liste des animaux protégés.
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