Écrivain et journaliste belge francophone 
 
Si, en Europe de l’Ouest, l’attitude des partis politiques par rapport à l’immigration et au patriotisme est souvent dictée par leur positionnement sur l’échiquier politique, des responsables publics de gauche à l’est du continent n’hésitent pas à rejeter la société multiculturelle et la présence de migrants.

En Slovaquie, le Premier ministre social-démocrate Robert Fico, dont le parti est membre de l’Internationale socialiste et du Parti socialiste européen, dénonce les pratiques des journalistes et le politiquement correct. S’opposant à l’immigration et à la relocalisation de migrants que souhaite imposer l’Union européenne à son pays, il dirige un gouvernement de coalition au sein duquel figurent, parmi d’autres partis, les nationalistes du SNS, et dénonce le comportement d’une partie de la population tzigane.

En République tchèque, le président de centre gauche Miloš Zeman n’est pas en reste. Lors de son discours de Noël 2015, il n’hésita pas à prétendre que le flux de réfugiés était une invasion organisée. Il déclara : « Ce pays est notre pays, il n’est pas là pour tous et ne peut pas être là pour tous », avant d’appeler les jeunes hommes syriens à combattre l’islamisme au sein de leur pays plutôt que de fuir vers l’Europe. 

En février 2016, il affirma, lors d’une rencontre de politiciens sociaux-démocrates à Bratislava, en Slovaquie, que la seule solution à la crise des réfugiés est la déportation des migrants économiques et des réfugiés qui exercent des violences à caractère religieux ou développent la haine religieuse. Toujours au début 2016, il appela le Parlement à ignorer les quotas européens de migrants et déclara : « Avec l’accueil de migrants, le terreau pour des attaques barbares sur le sol de la République tchèque est créé. »

Lors de son discours de la Noël 2016, Miloš Zeman a déclaré qu’il rejetait la proposition de l’Union européenne faite à son pays d’accueillir, en deux ans, 6.200 réfugiés du Proche-Orient, sur la base du volontariat. Il estime que l’accueil de migrants musulmans augmente les risques d’attentats. En contrepartie, il a proposé de soutenir financièrement la Grèce et l’Italie qui sont les plus concernées, en tant que pays d’accueil, par la crise migratoire et d’aider les migrants dans leur pays d’origine ou dans des États voisins. Il a ajouté que son pays n’est pas prêt, comme le fait l’Allemagne, à laisser entrer massivement et de manière incontrôlée des réfugiés et des migrants.

En Moldavie, le président socialiste Igor Dodon a reçu, lors de son intronisation ce 23 décembre 2016, le député européen français Front national Édouard Ferrand et lui a déclaré qu’il remerciait Marine Le Pen pour son engagement en faveur de l’Europe des nations. Igor Dodon a fait enlever du bâtiment présidentiel le drapeau de l’Union européenne et a licencié le ministre de la Défense, considéré comme trop proche de l’OTAN.

Être de gauche et patriote n’est donc pas incompatible.

 

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