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« Edouard Ferrand en commission agriculture du PE | Page d'accueil | L'Echo »

31/01/2015

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Deux Députés Européens du FN à la rencontre du monde de l'Agriculture dans le Loiret et l'Eure-et-Loir

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 Institutions, agriculteurs, semenciers, forestiers, entreprises de la filière bio, chasseurs, ou encore officiels. Deux députés européens du FN ont rencontré ce 30 janvier en Eure-et-Loir et le 29 dans le Loiret l'ensemble des acteurs du monde rural : ce sont l'eurélien Philippe Loiseau, lui-même agriculteur céréalier près de Chartres et bourguignon Edouard Ferrand, qui vient par ailleurs d'être nommé à la tête de la délégation FN au Parlement Européen, succédant à Aymeric Chauprade.

 

  Le 29 à Orléans, les deux députés - qui devaient être accompagnés à l'origine de leur collègue nordiste Sylvie Goddin, ont ainsi rencontré à Orléans Hubert-Louis Vuitton, président de la fédération régionale de la chasse, Jean-François Vincent et Jacques Sappeï, représentants de BioCentre, la structure qui coordonne la filière bio dans la région, le président du centre régional de la propriété forestière, Eric de la Rochère, responsable d'ArboCentre, le président et le directeur de la Chambre d'Agriculture, le directeur de la DRAF et le Préfet de région.

 Le lendemain en Eure-et-Loir, les députés ont visité une exploitation aux Gaudrières à Argenvilliers, rencontré des semenciers et fait une table ronde sur le souverainisme alimentaire. Les deux jours, des conférences de presse étaient organisées, à Orléans et Chartres. Par ailleurs, le soir du 29, au cours d'une réunion à Boigny-sur-Bionne, les députés européens en mission ont aussi rencontré des agriculteurs et des militants.

Les deux euro-parlementaires se sont engagés dans un tour de France des terroirs agricoles. Leur dernier déplacement était en Bourgogne, le prochain est prévu en Provence. "Nous sommes là", explique Philippe Loiseau, "à la fois pour recueillir la parole des agriculteurs et des ruraux, qui sont sur le terrain contrairement aux technocrates de Bruxelles, et pour expliquer notre travail en Europe". Par ailleurs, leur déplacement a aussi pour objectif d'expliquer les enjeux de la nouvelle PAC et du futur traité transatlantique qui liera l'UE et les Etats-Unis, car "il y a une différence assez nette entre l'information que nous recevons à Bruxelles et celle qui est disponible ici, pour les agriculteurs".

En même temps, "les remontées du terrain permettent d'affiner notre programme, à la fois pour les élections à venir et les présidentielles", confirment les deux députés, accompagnés de Leif Blanc, conseiller de Marine le Pen pour l'agriculture. Ils reconnaissent une "augmentation continue du nombre d'adhérents" et un "rajeunissement" qui se traduit aux cantonales par de nouveaux profils de candidats, agriculteurs, cadres ou encore enseignants. Des catégories sociales qui étaient il y a encore quelques années assez éloignées du FN et peu ou pas visées par le programme du parti.

 

 

Le désespoir rural
 

Les deux députés disent avoir perçu nettement "le désespoir, l'écoeurement profond même, des campagnes, laissées pour compte. Les agriculteurs sont très inquiets par la PAC, les ruraux par la désertification économique, commerciale, médicale, le manque de transports et de services publics. Ils se sentent abandonnés".

Un sentiment qui profite au FN : les cantons où il cartonne de plus en plus à chaque élection sont essentiellement ruraux. C'est notamment au nord et à l'est du Loiret, dans les cantons très ruraux et vieillissants du Gâtinais et du Giennois, qu'il fait ses meilleurs scores; c'est encore là-bas qu'il peut l'emporter, dans un, voire deux cantons, à Lorris et à Courtenay notamment. Sur l'ensemble de la région, le FN a tous ses candidats dans le Loir-et-Cher et l'Indre-et-Loire depuis fin décembre, dans le Loiret depuis quelques jours, mais aussi en Eure-et-Loir (15 cantons) et l'Indre (13). Il n'y a que dans le Cher que le compte de candidats n'y est pas encore.


L'agriculture française prise en étau entre l'environnement et le GMT

La PAC inquiète les agriculteurs "à la fois à cause de la baisse des aides et à cause de nouvelles normes écologiques qui se mettent en place contre l'agriculture", tacle Edouard Ferrand. Actuellement, la France verse 20 milliards et en récupère 13, dont 9 au titre de la PAC. Sur la période 2014-2020, elle n'en reprendra que 8 pour la PAC, les aides baissant de 3% pour les 26.2 millions d'hectares éligibles en France. Dans le détail, le paiement de base passera de 141 euro à l'hectare en 2015 à 97 en 2019 au bénéfice de l'aide au verdissement (97 euros à l'hectare) et d'autres dispositifs dont la contrepartie sera un durcissement des exigences en matière d'écologie. D'autres aides, au sein du second pilier de la PAC, concerneront l'élevage et les jeunes agriculteurs, ainsi que des mesures pro-écologiques supplémentaires. Par ailleurs cette nouvelle PAC s'inscrit dans la baisse continuelle depuis 2000 des aides à l'hectare, qui n'est que partiellement compensée par l'augmentation des capacités, comme l'explique par exemple la Chambre d'Agriculture de Normandie.

Les deux députés européens veulent aussi informer sur un autre péril : le grand marché transatlantique (GMT, ou TAFTA selon l'abréviation anglaise), qui va lier l'UE et les USA au sein d'une grande zone de libre échange. Ce que Edouard Ferrand qualifie de "traité diabolique"  qui prévoit le démantélement des normes sanitaires très contraignantes de l'UE, la suppression des barrières douanières contre les produits américains, ou encore "la suppression des AOP et des IGP, qui seront remplacées par des marques, sans obligation d'origine". Une menace directe contre le Champagne, les 365 fromages ou les nombreux vins de France, le sel de Guérande, mais aussi l'ensemble des spécialités européennes, du Tokaj hongrois au yaourt bulgare. Autre risque que les députés européens n'ont pas mentionné : la subordination des Etats membres du GMT à un tribunal acquis aux intérêts des multinationales, le Cirdi, dont les décisions sont insusceptibles d'appel et les amendes, infligées aux Etats, énormes.

Malgré les risques connus pour la santé des consommateurs européens - les Etats-Unis étant largement connus pour leur boeuf aux hormones ou les poulets chlorés - et la forte probablité de démantélement de l'industrie et de l'agriculture européenne au profit des grandes entreprises américaines, les négociations continuent, entraînées par la volonté de l'Allemagne et la passivité des autres pays; les populations étant partout tenues dans l'ignorance du processus de mise en place du GMT. Et ce bien que l'adoption du traité risque de faire perdre d'importants marchés aux entreprises européennes, la Turquie s'étant déjà montrée très inquiète au point de faire planer le risque de suspension de son accord de libre-échange avec l'UE. Ce qui serait en phase avec son pivot actuel vers l'Asie et la Russie.


L'objectif du FN : redonner toute sa place et sa force à la ruralité

Au-delà de la volonté de recueillir les impressions des différents acteurs de la ruralité et d'expliquer l'action des députés européens, le FN poursuit un objectif plus vaste, qui va de pair avec le parti pris d'embrasser l'ensemble de la ruralité, sans se limiter aux seuls paysans. "On nous attend sur l'insécurité ou l'immigration, pas sur l'agriculture", explique Edouard Ferrand. "Nous voulons redonner toute sa place à la France des oubliés, cette France périphérique", précise-t-il en référence au livre qui a mis en lumière l'existence d'une France populaire, reléguée dans le périurbain et le rural, soit 60% de la population dans 34.000 communes sur 36.000, une majorité pourtant quasi-absente des préoccupations politiques, "centrées sur la politique de la ville, qui mange 70% des aides", indique l'élu bourguignon.

"Notre objectif est de reconstruire une identité de la France dans la campagne", explique Edouard Ferrand, qui estime que "ce message est très bien reçu par les ruraux". Pour cela, le FN a des solutions en phase avec sa conception de l'Etat interventionniste et régulateur de l'économie, notamment la mise en place de "barrières douanières assez dissuasives pour protéger nos entreprises et notamment notre agriculture; par exemple dans l'industrie de la transformation du bois, il faut une clause de sauvegarde qui la protège de la concurrence chinoise dans le meuble". Mais aussi des idées novatrices, qui couvrent l'ensemble de la ruralité, afin de saisir les interactions entre les différentes filières et les faire vivre.

Par exemple, Edouard Ferrand propose "la mise en place d'un label excellence en Sologne pour la viande de venaison. Il y a de la demande pour de la viande de qualité, il y a aussi la possibilité de mettre en place des filières industrielles de transformation de la viande de gibier". Ce qui permettrait selon lui de "redéployer des capacités industrielles existantes vers de nouveaux marchés et de faire vivre l'identité marquée du territoire". Il préconise l'aide du fonds européen FEDER et de l'Etat. Pour lui, qui est d'ailleurs chasseur, "il n'y a pas de fatalité dans la perte de vitalité et la désindustrialisation des campagnes. En plus cette expérience peut être mise en place dans tous les terroirs où la chasse a un rôle important", comme le sont la Brenne, la forêt d'Orient, les baies de Seine et de Somme, les Dombes, la Camargue ou encore la Grande Brière.

Il est aussi favorable à "la mise en place de critères sociaux et écologiques", à l'instar de ce qui existe pour les marchés publics, afin de privilégier sur le marché intérieur les produits nationaux, produits en sauvegardant l'emploi et l'environnement. "C'est cela la vraie écologie, celle qui réinstalle l'homme dans son environnement". Autrement dit celle qui le fait vivre et non qui le relègue dans les campagnes - car les loyers des villes sont trop hauts - en le matraquant de taxes diverses car il pollue. Bien obligé, puisque l'emploi ne subsiste presque plus qu'en ville et qu'il n'y a pas ou peu de transports en commun dans les campagnes. Au-delà d'une tournée de campagne, c'est donc à la résolution de problématiques sociales profondes que se sont attelés les deux députés européens du FN.

 

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LOUIS-BENOIT GREFFE

 

10:49 Écrit par La Vaire | Lien permanent | Commentaires (0)

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