Communiqué de presse de Gilles Lebreton, député français au Parlement européen, professeur de droit à l'université du Havre
Une réunion de travail a été organisée au Sénat, mercredi 18 février, pour permettre aux députés français au Parlement européen de confronter leurs points de vue avec les membres des commissions des affaires européennes de l’Assemblée nationale et du Sénat. Elle portait essentiellement sur deux sujets : le plan Juncker d’investissement pour l’Europe, et la proposition de directive relative à la création d’un PNR européen.
Ce cénacle, habituellement réservé à l’UMPS et à ses satellites, a eu la surprise d’accueillir une forte délégation d’eurodéputés FN constituée d’Edouard Ferrand, Nicolas Bay, Marie-Christine Boutonnet, Sylvie Goddyn, Jean-François Jalkh, Philippe Loiseau, Joëlle Mélin, Mireille d'Ornano, Bernard Monot et moi-même. La discussion a pris un tour inattendu.
Edouard Ferrand a commencé par rappeler fermement à l’ordre un député qui s’étonnait de voir des “populistes” dans la salle. Puis il a entrepris méthodiquement, avec Bernard Monot, de démontrer la vacuité du plan Juncker, par lequel l’Union européenne prétend relancer l’économie en y injectant 315 milliards d’euros alors qu’elle n’en possède que 21. Les représentants de l’UMPS, tous favorables au plan, se sont montrés embarrassés. Philippe Loiseau a enfoncé le clou en constatant que le plan ne ciblait même pas les vraies priorités en s’apprêtant à remplir ce puits sans fond qu’est la politique de la ville, au lieu de secourir l’agriculture.
Le projet de création d’un PNR européen, c’est-à-dire d’un fichier informatique européen des passagers d’avions, a quant à lui suscité l’enthousiasme de nos adversaires. A en croire l’UMPS, ce fichier serait un outil décisif pour lutter contre le terrorisme. J’ai objecté qu’il sera très dangereux pour la protection des données personnelles, car on a vu avec l’affaire Wikileaks la facilité avec laquelle des informations prétendument protégées sont divulguées. La Cour de justice de l’Union européenne a d’ailleurs annulé, le 8 avril 2014, une précédente directive européenne portant sur un objet voisin, en raison de son caractère liberticide. J’ai ensuite souligné à quel point il est démesuré de procéder au fichage de toute la population sous prétexte de lutter contre une poignée de terroristes. Il serait beaucoup plus efficace de renforcer la police, l’armée, et nos services de renseignement que l’UMPS a méthodiquement démantelés ces dernières années. J’ai enfin condamné avec force la nouvelle atteinte à la souveraineté de l’Etat qu’entraînera ce projet, qui avoue lui-même se situer dans le prolongement de l’accord de Schengen puisque dans les deux cas il s’agit de contrôler la circulation des personnes au niveau européen. Ce dernier argument a eu le mérite de contraindre l’eurodéputé centriste Jean Arthuis à avouer qu’il ne croyait plus en la souveraineté de l’Etat !
Probablement agacée par l’âpreté de la discussion, la présidente (socialiste) de séance a conclu la réunion en estimant que le véritable danger qui guette la République est moins le fondamentalisme que “l’intolérance” que distillent dans la société “des néo-nazis” ! Nullement étonnée par cette ultime attaque insidieuse, la délégation FN en a déduit qu’elle ne s’était pas déplacée pour rien. Car la perte de sang-froid est généralement l’aveu d’une défaite…
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