Dans Valeurs Actuelles de jeudi 23 décembre, Jean d’Orléans, duc de Vendôme, écrit :
« Cela va faire bientôt un siècle, depuis la chute de l’Empire ottoman, que les puissances occidentales multiplient les erreurs au Moyen-Orient, et à chaque fois les Arabes chrétiens, ces chrétiens dits “d’Orient”, pris entre deux feux, en subissent les conséquences. Sous la longue domination turque, la France s’était instituée leur protectrice, et ce n’était pas un vain mot. Depuis François Ier, le rapprochement avec la Sublime Porte avait permis de tourner la page des croisades et d’alléger le poids de la dhimmitude, ce statut discriminatoire imposé par les Turcs aux juifs et aux chrétiens. Entre Tigre et Jourdain, dans cet espace déjà asiatique mais encore si méditerranéen, la France, sa langue, sa culture jouaient un rôle pacifiant. Je n’ai aucun goût pour la nostalgie, mais la tragédie que nous vivons nous oblige à regarder les choses en face.
Aujourd’hui, dans le monde, sur cent personnes qui meurent pour leur foi, soixante-quinze sont des chrétiens. Parmi eux, les chrétiens d’Orient, là même où a vécu le Christ, paient le tribut le plus lourd. Victimes d’attentats comme les coptes d’Égypte, contraints de s’exiler comme la communauté chaldéenne de Turquie, obligés de fuir leur pays comme le tiers des chrétiens d’Irak… Dans ce pays, depuis l’intervention américaine, la sécurité des évêques, des prêtres, des diacres et des fidèles n’est plus assurée, la liste des victimes, avec tant d’authentiques martyrs, ne cesse de s’allonger. Même au Liban, où je me rends souvent, la situation incertaine des chrétiens suscite l’inquiétude, bien que la Constitution leur reconnaisse un rôle politique.
Derrière tout cela, il y a bien sûr les jalousies ethniques, le rejet ou la haine de l’autre, les ambitions des individus et des groupes, toutes ces passions humaines qui n’attendent que des circonstances favorables pour se déchaîner. Ces circonstances sont là, liées pour une bonne part aux aveuglements politiques de l’Occident. Les préoccupations mercantiles de nos pays provoquent un véritable saccage de cette partie du monde. La France se doit, au nom de ce qu’elle est et de son rôle historique, de faire entendre une autre voix. »