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30/09/2016

Nicolas Mirkovic

Quels sont les véritables enjeux du récent référendum de la Republika Srpska en Bosnie-Herzégovine ?
par Nikola Mirkovic

 
 
 

Nikola Mirkovic est auteur du livre "Le Martyre du Kosovo".

 
 
 
 

Le dimanche 25 septembre 99,8% des Serbes de la République serbe de Bosnie ont voté en faveur de la reconnaissance du 9 janvier comme jour de fête nationale de la Republika Srpska lors d’un référendum organisé par le Président Milorad Dodik. Le 9 janvier est polémique pour les musulmans de Sarajevo car c’est une fête orthodoxe chrétienne et parce que symboliquement c’est le jour où, en 1992, les Serbes de Bosnie-Herzégovine se sont organisés en république autonome de la république de Bosnie-Herzégovine au sein de l’Etat yougoslave.Ce référendum, dont la question pourrait paraître anodine, incarne pourtant bien le bras de fer de plus en plus visible qu’entretien le président Dodik avec Sarajevo et la diplomatie atlantiste qui voient d’un très mauvais œil les velléités d’indépendance du leader serbe.  

crédits :  ATR / AFP

Dodik est pourtant à l’origine un homme du camp atlantiste, président du SNSD il est proche de Boris Tadic, l’ex-président serbe,  et poussé sur le devant de la scène politique par les Atlantistes pour contrer les mouvements nationalistes serbes en Bosnie-Herzégovine encore très populaires à la fin de la guerre. Devenu l’homme fort de la Republika Srpska, l’une des  deux entités de Bosnie-Herzégovine avec la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine (ex-Fédération croato-musulmane), Dodik s’était très rapidement entouré de nombreux conseils néo-conservateurs qui ont tenté d’expliquer au président serbe comment intégrer son économie et sa politique dans le camp atlantiste. C’est ainsi que Dodik s’est attiré les conseils de Adrian Karatnycky président jusqu’en 2004 de l’ONG américaine Freedom House ou Gregory Minjack de Capitol Links. Malgré les millions versés aux ONG le miracle économique ne s’est pas produit en Republika Srpska, pas plus du reste que dans la fédération de Bosnie-et-Herzégovine où des conseillers similaires sont à pied d’œuvre.

 

Depuis quelques années Dodik a commencé à se rendre compte que le système mis en place par les Américains était un cul-de-sac et a commencé à tourner le dos à ses anciens amis Madeleine Albright ou Robin Cook qui voyaient en lui leur porte-voix idéal. Dodik a profité de leurs subventions mais avait commencé à mettre en place un autre agenda que le leur. Un collectif de spécialistes et d’intellectuels proches du SNSD va rédiger en 2014 un livre intitulé « La destruction de la Republika Srpska »  sur ces boîtes de consulting et ONG d’origine américaine venus s’enrichir à Banja Luka et qui, d’après les auteurs, n’ont aucun autre but que d’asservir la jeune république serbe. Dodik a continué à dénoncer de plus en plus le système bosniaque à la sauce américaine et l’injustice faite aux Serbes systématiquement stigmatisés et accusés de tous les maux des Balkans. Il s’est rapproché de la Russie qui s’est battu au Conseil de Sécurité des Nations Unies contre la propagande qui assimile la bataille de Srebrenica à un génocide et il a également rencontré  Vladimir Poutine qui l’a reçu quelques jours avant le référendum en grande pompe à Moscou.  Sans se prononcer sur les enjeux politiques, Moscou voit d’un bon œil le rapprochement avec un leader serbe dans les Balkans précisément au moment où le PM serbe actuel, Alexandar Vucic, agace avec un double discours pro-russe et pro-US qui laisse pantois quand on le voit faire son mea culpa devant la fondation Clinton ou lorsqu’il signe des accords de coopération avec l’OTAN. Le président Nikolic paraît plus sûr mais son pouvoir réel est mis en doute. D’ailleurs Alexandar Vucic n’a pas soutenu Dodik dans son référendum alors que les Serbes, dans l’ensemble des Balkans, l’ont très majoritairement soutenu. La fracture entre le pays réel et le pays légal serbes est bien réelle.

 

Cette victoire éclatante en faveur de la date du 9 janvier comme fête nationale marque donc le choix des Serbes d’honorer leur jeune république mais n’indique nullement une volonté de guerre contre l’autre entité contrairement à ce que les medias occidentaux ont colporté à tort. Du reste le président croate du collège présidentiel de Bosnie-Herzégovine, Dragan Covic, a déclaré que ce référendum était un droit pour les Serbes. C’est la partie musulmane, toujours sous forte influence américaine, qui ne cesse de dénoncer le référendum et n’hésite pas de menacer. L’ancien chef militaire musulman Sefer Halilovic a déclaré par exemple : « Nous ne permettrons pas que l’on nous prenne la moitié du pays » puis intimide militairement en  disant : « En cas de conflit, la Republika Sprska ne tiendrait pas plus de 10 à 15 jours» ce qui a quand même obligé le ministre des affaires étrangères serbes à Belgrade, Ivica Dacic, à monter au créneau.  La cour constitutionnelle a déclaré que le référendum était anticonstitutionnel mais au nom de qui parle cette cour exactement ? Chaque nationalité dispose de 2 juges mais le problème est que depuis l’invention de l’Etat de Bosnie-Herzégovine trois juges sont désignés par la Cour européenne des droits de l’homme. On peut se demander l’utilité de ces juges dans un pays censé être souverain surtout quand un des trois juges est membre d’un pays de l’OTAN qui a été partie prenante au conflit des années 1990.

 

Le véritable sujet de fond est que l’invention de ce nouvel Etat de la Bosnie Herzégovine est un échec 20 ans après sa création par les Washington et Bruxelles. Les deux entités ne collaborent pas efficacement ensemble et ne cessent de se renvoyer les responsabilités de leurs échecs respectifs (sans même parler des distensions entre Croates et musulmans au sein de leur propre fédération ou même les manifestations populaires contre la corruption qui secouèrent cette fédération en 2014). Dans ce contexte, le succès de Dodik marque clairement l’unité des Serbes. Le président de la Republika Srpska a annoncé qu’il solliciterait également les Serbes pour voter pour ou contre l’intégration de la Bosnie-Herzégovine à l’OTAN ce qui évidemment contrarie de nouveau Sarajevo et les Atlantistes qui ont déjà entamé des négociations. La question d’une sécession totale de la Republika Srspka a été également évoquée et cela fait bien plus peur aux Atlantistes car cela sonnerait définitivement le glas de la Bosnie-Herzégovine et d’un des projets majeurs de nation building américain dans les Balkans. Washington ne lâchera pas sa prise si facilement et pourrait se servir de nouveau du bouc émissaire serbe pour raviver des tensions ethniques où accroître sa présence locale militairement ou par ses ONG. Moscou pour sa part regarde le sujet de près, car les Balkans demeurent un enjeu stratégique à cause de leurs relations historiques et à cause des différentes négociations en cours concernant les futurs projets de gazoducs qui pourraient traverser la région et où Moscou aura besoin d’alliés sûrs. L’exemple de la Bulgarie qui a stoppé South Stream sous pression de l’Union européenne n’a pas laissé de bons souvenirs au Kremlin.

 

En tout état de cause Dodik, avec ce plébiscite s’est clairement positionné comme l’homme fort de la Republika Srpska et un homme fort de la région. Il détient maintenant un pouvoir de négociation non négligeable avec Moscou et avec les Atlantistes surtout à un moment où la Bosnie-Herzégovine a déposé son dossier d’adhésion à l’UE et a négocié un emprunt de 553,3 millions d’euros au FMI qui va surtout servir à financer la dette publique qui est passé de 3,9 milliards d’euros en 2010 à 6,1 milliards d’euros en 2015. Avec un PIB par habitant/ppa qui se situe à seulement 29% de la moyenne de l’UE et un taux de chômage de 27% le pays demeure extrêmement instable et l’exaspération monte dans chaque communauté. Cette exaspération peut être manipulée par des intervenants étrangers comme en 1990 pour monter les communautés les unes contre les autres. Dodik, de son côté, affirme qu’il n’a rien contre les autres communautés, il souhaite juste qu’on le laisse lui, et les Serbes de Bosnie-Herzégovine, décider eux-mêmes de leur propre avenir. Il a maintenant les clefs en mains pour le faire.

 

Nikola Mirkovic

09:15 Écrit par La Vaire | Lien permanent | Commentaires (0)

Conférence du groupe Europe des nations et des libertés à Bruxelles

John Laughland intervient au Parlement européen

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Date de publication: 28.09.2016

"La notion d'intérêts vitaux"

par John Laughland.

 

Intervention au Parlement européen

dans la conférence intitulée 

"Pour défendre nos intérêts vitaux, sortons de l'Otan!"

(Groupe Europe des Nations et des Libertés)

 

Bruxelles, le 28 septembre 2016

 

  1. Les intérêts en politique et l'idéologie

Vous m'avez demandé de commenter la notion d'intérêts vitaux qui fait partie du titre de notre séminaire d'aujourd'hui.  Je vous félicite de ce choix car le concept d'intérêts vitaux est de la première importance pour toute politique saine.  Poser la question des intérêts vitaux, ou des intérêts tout court, c'est se poser d'emblée en opposition à l'idéologie en politique, en tant que telle.  C'est toucher du doigt le problème central de notre continent, qui est la domination de l'idéologie sur la politique.

Cette domination de l'idéologie sur la politique a fait son entrée spectaculaire sur la scène de l'histoire au moment de la Révolution française.  Le grand philosophe et homme politique britannique, Edmund Burke, a très vite compris le caractère idéologique de cette révolte.  Dans son grand essai Réflections sur la révolution en France publié en 1790, Burke exprime son profond dégoût du refus des révolutionnaires du réel en politique - de la réalité de la naissance de chaque personne au sein d'une nation, de la réalité physique de la continuité de cette nation, de la réalité de la famille royale qui incarnait cette continuité de l'histoire, continuité qui lie les vivants aux morts et à ceux qui vont encore naître.  Burke a rappelé le besoin impératif de tout pouvoir de réaliser certaines choses en politique, au lieu de spéculer sur les principes abstraits comme les droits de l'homme.

Ce refus de l'idéologie et de l'abstrait est également exprimé par le Burke français, Joseph de Maistre, qui a dit qu'il n'avait jamais rencontré d'homme mais seulement des Français, des Anglais etc.  Lord Palmerston ne dira pas autre chose quand il prononcera sa formule célèbre sur la politique étrangère: 'L'Angleterre n'a ni d'alliés eternels, ni d'ennemis éternels: seuls ses intérêts sont éternels" - avant de conclure avec brio, "Il est notre devoir de les poursuivre."[1]  Ce qui vaut pour l'Angleterre vaut pour tous les pays.  Les propos de Lord Palmerston n'ont absolument rien de cynique.  Ils sont au contraire une affirmation noble de réalisme en politique, réalisme dans le sens d'Aristote et de Saint Thomas d'Aquin.  Selon les deux grands philosophes qui ont structuré la pensée de la chrétienté, les valeurs universelles se trouvent à l'intérieur même des choses réelles: elles ne se trouvent pas, contrairement à ce que va affirmer le philosophe allemand Immanuel Kant, dans des affirmations ou des impératifs universels et abstraits.  Au contraire, les abstractions et les idéologies menacent les valeurs réelles car elles sacrifient le vrai à l'illusoire.

Ce discours réaliste est de plus en plus escamoté dans une Europe qui se croit l'incarnation des droits de l'homme - des droits abstraits, donc.  Le réalisme en politique est rejeté aujourd'hui au nom d'une idéologie européenne qui serait au-dessus de la mesquinerie des comptables. Un discours sur les intérêts, vitaux ou autres, est refusé car contraire à l'esprit européen.  Pour les idéologues de Bruxelles, un raisonnement en termes d'intérêts relève de la mentalité des boutiquiers pour laquelle les Anglais, en particulier, sont tournés en ridicule.

 

  1. Qu'en est-il de l'Otan?

Pour comprendre le rapport entre la question des intérêts vitaux et l'Otan, nous devons réfléchir sur l'histoire de l'Otan et en particulier sur son évolution depuis la fin de la Guerre froide.

Pendant la Guerre froide, l'Otan protégeaient les intérêts vitaux de ses pays membres.  Elle le faisait dans la mesure où son but principal était de défendre ses pays membres d'une éventuelle attaque venue de l'extérieur, en l'occurrence du Pacte de Varsovie.  On peut considérer, avec le recul du temps, que cette menace était exagérée afin de justifier l'hégémonie américaine sur l'Europe occidentale. Ce débat est mené par un certain nombre d'historiens y compris américains.[2]  Mais il n'est pas possible de affirmer que l'Otan aujourd'hui protège les intérêts vitaux de ses pays membres de la même manière.  Bien au contraire, l'Alliance a changé de nature depuis la fin de la Guerre froide, comme en témoigne ses propres documents officiels.

Cette mutation de la nature de l'Alliance a commencé au moment même où le système bipolaire hérité de la Guerre froide était entré en agonie.  Quelques semaines avant la dissolution de l'URSS, l'Otan s'est réuni à Rome le 7 et le 9 novembre 1991.  A ce sommet, il s'est doté d'un Nouveau Concept Stratégique.  On observe dans ce document déjà le début du glissement de l'Otan vers l'idéologie, au détriment d'une vraie réflexion sur les intérêts vitaux.  Ce glissement se traduit principalement par un appel à une nouvelle vocation universaliste de l'Otan.  Le concept de défense territoriale contre un ennemi extérieur est contrebalancé par l'évocation de menaces tous azimuts, menaces qui sont d'ailleurs parfaitement inquantifiables et impossibles à contrer militairement.  Je cite le document de 1991: 

"Toute attaque armée contre le territoire des Alliés, de quelque direction qu’elle vienne, sera couverte par les articles 5 et 6 du Traité de Washington. Cependant, la sécurité de l’Alliance doit aussi s’envisager dans un contexte global. Les intérêts de sécurité de l’Alliance peuvent être mis en cause par d’autres risques de caractère plus général, notamment la prolifération des armes de destruction massive, la rupture des approvisionnements en ressources vitales ou des actes de terrorisme et de sabotage."[3]

Cette référence au "contexte global" est tout sauf neutre.  Avec cette phrase, maintes fois répétées dans le document de 1991, la porte est ouverte vers ce qui sera l'action de l'Otan en Yougoslavie à partir de 1992.  Ces interventions, qui aboutiront au bombardement des positions serbes en Bosnie en juillet 1995, sont les premières opérations out of area de l'Alliance atlantique.  Cette structure n'a désormais plus le rôle de défendre ses membres contre une menace extérieure: elle devient une structure dont la puissance a vocation à se porter vers l'extérieur.  C'est un changement décisif vers l'abandon des intérêts vitaux en faveur d'une vocation radicalement nouvelle.  En quittant sa zone géographique bien délimitée, L'Otan s'est lancé dans un aventurisme universaliste, type 'gendarme du monde', dont elle ne s'est jamais remise.

La deuxième étape de cette évolution était, sans aucun doute, l'attaque aérienne contre la République fédérale de Yougoslavie du 25 mars au 4 juin 1999.  Avec cette attaque contre un pays souverain que ne la menaçait aucunement, et sans l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU, l'Otan a définitivement rompu avec sa logique souverainiste de jadis.  Selon le Premier ministre britannique, Tony Blair, comme le président tchèque Vaclav Havel, cette guerre devait instaurer un nouvel ordre mondial dans lequel les guerres ne seraient plus menées pour conquérir du territoire mais au nom de valeurs dites universelles ou humanitaires.  La gauche européenne post-marxiste s'est extasiée de ce retour en scène du vieux rêve marxiste de la dissolution des nations dans un ensemble mondial et cosmopolite. Un philosophe allemand, Ulrich BECK, a fait des élucubrations sur la venue d'une guerre "post-nationale" et sur "le pacifisme militaire".[4]  Un fonctionnaire européen britannique, Robert COOPER, nous a expliqué que l'UE était entré dans une ère postmoderne, plus avancée que celle des autres Etats, et que l'OTAN faisait partie de cette évolution.[5]  Dans un discours clé prononcé à Chicago le 22 avril 1999, Blair a dit, sans aucun doute avec joie, "Nous sommes tous internationalistes."[6]  Pour lui, la mondialisation économique et la disparition de la différence entre les nations étaient un bloc.  L'Otan était en train de dessiner un nouveau système international qui s'imposait par la marche inéluctable de l'histoire.

Deux jours après le discours de Blair, l'Otan proclama un nouveau Nouveau Concept Stratégique, le 24 avril 1999.  Désormais l'Otan se dota de la vocation de protéger les valeurs universelles partout dans le monde - les droits de l'homme, l'Etat de droit, la démocratie, le libéralisme économique.  La liste des menaces auxquelles l'Otan serait confrontée est devenue dans le document de 1999 est encore plus longue et plus floue que celle dans le Concept stratégique publié huit ans auparavant. 

"Des rivalités ethniques et religieuses, des litiges territoriaux, l'inadéquation ou l'échec des efforts de réforme, des violations des droits de l'homme et la dissolution d'Etats peuvent conduire à une instabilité locale et même régionale. Les tensions qui en résulteraient pourraient déboucher sur des crises mettant en cause la stabilité euro-atlantique, engendrer des souffrances humaines, et provoquer des conflits armés. De tels conflits pourraient affecter la sécurité de l'Alliance par exemple en s'étendant à des pays voisins, y compris à des pays de l'OTAN, et pourraient également affecter la sécurité d'autres Etats."[7] 

Parallèlement à cette vision presque paranoïaque des menaces à la stabilité, l'Otan d'est progressivement dissociée de la logique de la Charte des Nations Unies dont elle était pourtant censée respecter les principes.  Elle avait évidemment violé le principe fondamental du droit international en attaquant la Yougoslavie sans un vote au Conseil de sécurité.  Dans le communiqué publié à la findu sommet de l'Otan de 1999, l'ONU est reléguée à la dernière place, après l'OSCE, l'UEO et l'UE, des organisations avec lesquelles l'Alliance est censée collaborer.  En même temps, Strobe Talbott, à l'époque Secrétaire d'Etat Adjoint des Etats Unis, a proclamé dans un discours prononcé à Bonn, que l'Otan devait s'affranchir complètement de l'ONU pour n'obéir qu'à ses propres lois - c'est-à-dire à aucune.  

"En même temps, nous devons nous assurer que l'Otan ne soit subordonnée à aucune autre organisation internationale.  L'intégrité de sa structure de commandement doit être protégée.  Nous essaierons d'agir en concert avec d'autres organisations et avec respect pour leurs principes et buts.  Mais l'Alliance doit préserver le droit et la liberté d'agir quand ses membres, décidant par consensus, le considèrent nécessaire."[8]

Quand 20 ans après la fin de la guerre froide, l'OTAN s'est donné un troisième Concept Stratégique, l'Alliance est délibérément devenue indistinguable de l'Union européenne, avec laquelle elle a proclame "un partenariat unique et essentiel"[9].   Elle a même choisi Lisbonne pour son sommet, où un an auparavant le dernier traité européen avait été signé.  L'universalisme philosophique bat son plein dans ce document de 2010, par exemple quand l'Otan proclame que les valeurs et les objectifs qu'elle défend sont "universels et perpétuels"[10].  Nous sommes aux antipodes du réalisme de Lord Palmerston.  Plus prosaïquement, en  même temps qu'elle se présente comme le défenseur de telles valeurs, elle se décrit aussi comme "une organisation de gestion de crise" et non pas comme une organisation de défense collective.[11]

 

  1. Le problème des profiteurs

Pour terminer mes propos, je voudrais évoquer un autre problème, plus concret.  Dans une structure bureaucratique comme l'Otan, les alliances sont censées être éternelles.  Or, à 100 ans depuis le début de la première guerre mondiale, dont tout le monde affirme qu'elle a éclaté à cause d'un certain automatisme dans les alliances nouées entre les Grandes puissances, et qui ont fait que l'Allemagne a envahi la Belgique parce que l'Autriche avait attaqué la Serbie, nous observons de nouveau comment le parapluie de l'Otan encourage dangereusement certains pays à pratiquer une politique téméraire, au risque des autres pays membres.  

Le cas de la Turquie qui a abattu un chasseur russe dans l'espace aérien de la Syrie en novembre 2015 est un exemple flagrant de cette irresponsabilité qui est encouragée par une une alliance permanente.  Si la Russie avait riposté, tous les pays de l'Otan se seraient retrouvés en guerre avec la Russie, à cause de quelque chose sur laquelle ils n'avaient exercé aucune influence.  Perdre le contrôle de la décision de faire la guerre ou la paix, ce n'est plus exister comme nation.  C'est aussi mettre ses citoyens en péril de leur vie.  Rien ne peut être plus contraire aux intérêts vitaux de chaque nation que de donner les questions existentielles de l'Etat à la sous-traitance.  Non seulement l'Otan ne garantit plus nos intérêts vitaux, elle les met en danger.

 

 

NOTES

[1] "We have no eternal allies, and we have no perpetual enemies. Our interests are eternal and perpetual, and those interests it is our duty to follow."  Lord Palmerston, Speech to the House of Commons, 1 March 1848. http://hansard.millbanksystems.com/commons/1848/mar/01/treaty-of-adrianople-charges-against

[2] Christopher LAYNE, The Peace of Illusions.  American Grand Strategy from 1940 to the Present (Ithaca and London: Cornell University Press, 2006).

[3] Le Concept stratégique de l’Alliance approuvé par les Chefs d’Etat et de gouvernement participant à la réunion du Conseil de l’Atlantique Nord, Rome, 8 Novembre 1991, www.nato.int, paragraphe 13.

[4] Ulrich BECK, Der militärische Pazifismus, Über den postnationalen Krieg, Süddeutsche Zeitung, 19 avril 1999.

[5] Robert COOPER, The postmodern state and the world order (Demos)

[6] Tony BLAIR, Doctrine of the International Community, speech delivered at the Hilton Hotel, Chicago, 22 April 1999. 

[7] Le Concept Stratégique de l'Alliance approuvé par les chefs d'Etat et de gouvernement participant à la réunion du Conseil de l'Atlantique Nord tenue à Washington les 23 et 24 avril 1999, www.nato.int, paragraphe 20

[8] Deputy Secretary Talbott, Address to the German Society for Foreign Policy, Bonn, Germany, "The New Europe and the New NATO," February 4, 1999.

[9]  Engagement actif, défense moderne, Concept stratégique pour la défense et la sécurité de l'Organisation du Traité de l'Atlantique du Nord, adopté par les chefs d'Etat et de gouvernement à Lisbonne, les 19 et 20 novembre 2010, paragraphe 32.

[10] Paragraphe 38.

[11] "Opérations et missions en cours et terminées", 5 juillet 2016, http://www.nato.int/cps/fr/natohq/topics_52060.htm

 

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24/09/2016

Edouard Ferrand reçu au parlement tchèque

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13:40 Écrit par La Vaire | Lien permanent | Commentaires (0)

21/09/2016

Flandre, Gand

La "Maison des têtes couronnées" à Gand, capitale culturelle de la Flandre

Magnifique maison renaissance où on peut y voir la généalogie de la Maison de Bourgogne. Tout en haut Charles le téméraire et au 3ème étage, Charles Quint. L'alliance entre les ducs de Bourgogne et les drapiers flamands fut une des plus extraordinaires alliances géopolitiques d'Europe. Elle ouvrit la mer du Nord au commerce des ducs.20160920_123019.jpg

19:15 Écrit par La Vaire | Lien permanent | Commentaires (0)

15/09/2016

Hallucinant

 

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14/09/2016

Edouard Ferrand


14:21 Écrit par La Vaire | Lien permanent | Commentaires (0)

Strasbourg

 

Communiqué de presse d'Edouard Ferrand chef délégation FN RBM au Parlement européen 
 
Verhofstadt nommé représentant du parlement européen pour les négociations du Brexit : autant en emporte les peuples européens...et le Parlement aussi
 
 
Les eurocrates avaient déjà inventé la démocratie sans les peuples, à l'image des modalités d'adoption du Traité de Lisbonne, notamment en France.
 
Ils ont désormais si peu de scrupules qu'ils ont décidé de nommer l'archi-européiste et mondialiste Guy Verhofstadt, ancien Premier ministre belge, représentant du Parlement européen sur la négociation
sur le Brexit...sans même passer par sa désignation par le Parlement européen, pourtant premier concerné.

 
Désormais, même le Parlement européen, dont le rôle et la légitimité sont déjà fragilisés, est désormais de trop pour les sphères bruxelloises...
 
Il est grand temps que les peuples européens, le peuple français en premier lieu, nettoient ces écuries d'Augias.
 
 
 
 

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11/09/2016

Cathédrale d'Auxerre, un joyau de notre patrimoine à découvrir d'une manière différente


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09/09/2016

Francophonie


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agriculture

COMMUNIQUÉ DE GILLES PENNELLE

Président du groupe FN Bretagne

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À QUELQUES KILOMÈTRES DU SPACE LA MORT EST DANS LE PRÉ

Le grand salon de l’élevage, le SPACE, va ouvrir ses portes le 13 septembre à Rennes. À quelques kilomètres des belles allées, des salons VIP et des cocktails servis sur de beaux stands où défileront entre autres les politiciens de l’UMPS responsables de la crise agricole, le monde paysan breton poursuit son agonie.

Lait, porc, viande bovine ... toutes les filières de l’élevage sont touchées. Partout les revenus s’effondrent.

La surproduction et la concurrence déloyale, voulues et imposées par l’Europe de Bruxelles soutenue par les partis du système (les Républicains, PS, UDI ...), ne permettent plus à nos éleveurs de vivre de leur travail. L’agriculture familiale française est en train de disparaître !

Le Gouvernement français, lui, à d’autres priorités : accueillir, loger, soigner et entretenir les immigrés clandestins qui déferlent de plus en plus nombreux sur notre pays !

Les hauts dirigeants, aux ordres du système, de la FNSEA, eux, tentent de canaliser la légitime colère des éleveurs vers des actions qui ne mèneront à rien.

Pour sauver nos éleveurs, il faut rétablir une régulation du marché, mettre fin à la concurrence déloyale et instituer le patriotisme alimentaire ; trois mesures refusées et interdites par Bruxelles !

Il faut donc en tirer les leçons. La survie de l’agriculture française passe par un changement de modèle économique. Il faut remplacer la désastreuse Politique Agricole Commune Européenne par une Politique Agricole Française qui seule permettra demain à nos éleveurs de vivre de leur travail.

Seul le Front National le propose et le fera.

12:56 Écrit par La Vaire | Lien permanent | Commentaires (0)