"Le FN, je suis tombée dedans quand j'étais petite… Mes parents votaient déjà FN !" confie-t-elle dans un éclat de rire. Inconnue du grand public, Sophie Montel, 46 ans, possède pourtant un impressionnant CV politique. Celle qui rêve de s'emparer de la présidence de la région Bourgogne-Franche-Comté compte derrière elle vingt années de mandats électoraux. Tous obtenus sous les couleurs du Front national, parti auquel elle adhère dès 1987, alors qu'elle n'a que 17 ans.

Conseillère municipale à Besançon (Doubs) de 1995 à 2001, puis à Montbéliard, conseillère régionale de Franche-Comté depuis 1998, députée européenne depuis 2014… La liste aurait pu encore s'allonger début 2015, si elle n'avait pas échoué, de peu, à ravir à la gauche le siège de député laissé vacant par Pierre Moscovici, nommé commissaire européen.

Des sondages qui s'envolent

Cette boulimie de combats électoraux, qui lui est parfois reprochée, lui a au moins permis de se faire un nom sur ces terres du pays de Montbéliard en proie à la désindustrialisation, si propice au vote FN. Et ce n'est peut-être pas terminé : un sondage BVA paru samedi dernier a fait l'effet d'une bombe, en la créditant de 35% des voix au second tour, à égalité avec le candidat de la droite et du centre, François Sauvadet. "Comment ne pas y croire devant un tel sondage ?" salive-t-elle, "pas surprise" par cette envolée. "Depuis 2012, notre dynamique électorale est continue, tant en Bourgogne qu'en Franche-Comté."

Ce mardi matin, dans le petit centre-ville de Delle (Territoire de Belfort), la candidate distribue ses tracts, aidée par une quinzaine de militants. Pendant sa déambulation, elle assure s'être préparée à l'éventualité de remporter le scrutin.

Je ne dis pas que ça ne va pas être impressionnant, mais je suis tout de même une vieille routière du conseil régional !

Sophie Montel

à francetv info

Sous la grisaille, la candidate, accompagnée de Florian Philippot, venu lui prêter main-forte, pousse les portes des commerces des rues quasi désertes. Face à un marchand de fruits et légumes contraint de mettre la clé sous la porte, "écrasé par les charges", Sophie Montel compatit, mais n'a guère de solutions pour lui : "Pas la compétence de la région."

 

Florian Philippot et Sophie Montel, le 1er décembre à Delle (Territoire de Belfort).
Florian Philippot et Sophie Montel, le 1er décembre à Delle (Territoire de Belfort). (SEBASTIEN BOZON / AFP)

 

Une amoureuse des animaux

Elle retrouve sa spontanéité dans un salon de toilettage pour chiens. "J'ai cinq chats, deux lapins et un lévrier", raconte-t-elle fièrement à la toiletteuse. "En plus de mon mari et de mes deux filles !" Un amour pour les animaux que l'intéressée revendique régulièrement, notamment sur Twitter.


On en vient enfin à la véritable raison de sa venue à Delle : ce fief socialiste, jadis dirigé par l'ancien président de l'Assemblée nationale Raymond Forni, s'apprête à accueillir 130 demandeurs d'asile dans un ancien foyer de jeunes travailleurs, situé sur les hauteurs de la commune. "Le conseil régional a voté une subvention aux communes de 1 000 euros par place d'hébergement créé. Quand on sait qu'on a en France neuf millions de pauvres et cinq millions de chômeurs..." Elle promet, si elle gagne, de revenir sur cette décision "scandaleuse".

"A 200% sur la ligne fixée par Marine"

Après les attentats, en Bourgogne-Franche-Comté comme dans toutes les autres régions, le FN enfonce le clou sur ses thèmes de prédilection : l'insécurité et l'immigration. Prudente, Sophie Montel évite tout commentaire qui pourrait être interprété comme un dérapage. "Je suis à 200% sur la ligne fixée par Marine Le Pen." Loyale jusqu'au bout des ongles, Sophie Montel dit n'appartenir à aucun clan au sein du FN. Et défend sa présidente avec autant de ferveur qu'elle soutenait, il y a vingt ans, son président, Jean-Marie Le Pen.